Méditation des Mystères du
Rosaire
Mystères
Joyeux
L’Annonciation
L’ange Gabriel annonce à Marie : « Voici que tu
concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu
l’appelleras du nom de Jésus » (Lc 1, 31). Jésus veut
dire « Dieu sauve ». Le salut s’accomplit par
l’Incarnation. Pour sauver l’homme Dieu se fait homme.
Le corps humain et non le Temple de Jérusalem devient la
demeure de Dieu parmi les hommes.
La Vierge Marie devient « le buisson ardent » car en
elle brûle sans se consumer la flamme de l’amour divin.
En Jésus « habite corporellement toute la Plénitude de
la Divinité » (Col 2, 9). Comme Jacob à Béthel, nous
pouvons nous exclamer : « Dieu est en ce lieu et je ne
le savais pas ! » (Gn 28, 16).
Qu’avons-nous en commun avec Dieu ? La vie ? L’amour ?
La raison ? L’image et la ressemblance ? Nous avons en
commun avec Dieu l’humanité. L’une des trois personnes
de la Trinité, le Fils, est homme. C’est cette humanité
commune à Dieu et à chacun qui fonde la dignité sacrée
de la personne, le dialogue des religions et les droits
humains.
La Visitation
« Le Seigneur a renversé les potentats de leurs trônes
et élevé les humbles » (Lc 1, 52), prie Marie dans le
Magnificat en rencontrant sa cousine Élisabeth. Dieu
enrichit l’humanité par la pauvreté de son Fils Jésus.
Loin de dominer les hommes par sa force, le Fils de Dieu
s’humilie lui-même en devenant fragile comme nous. Son
corps humain connaît la faim, la soif, la fatigue, la
souffrance… Par son abaissement, il exalte les humiliés
qui comptent sur Dieu. Mystère paradoxal qui nous
renvoie à Pâques où le Crucifié répand la Gloire de
Dieu.
La Naissance de Jésus
À Bethléem, Jésus est né dans une crèche. Certains
historiens évoquent plutôt une grotte. Une étable n’est
jamais un endroit propre et bien éclairé. Notre cœur non
plus n’est pas limpide et pourtant Jésus vient y naître
par la foi. La naissance de chaque enfant de ce monde
n’est jamais très propre. Nous naissons dans le sang et
les larmes. Il en va de même de notre naissance à la vie
de Dieu qui passe par la recherche de Dieu, le péché et
le repentir dans la lumière de la grâce.
La Présentation de Jésus au Temple et la
purification de la Vierge Marie
Par trois fois, saint Luc précise l’action du
Saint-Esprit dans la démarche de Syméon qui accueille
l’enfant Jésus dans ses bras. L’Esprit Saint repose sur
lui. L’Esprit Saint l’avertit. L’Esprit Saint le pousse
intérieurement à se rendre au Temple.
La vie spirituelle n’est rien d’autre que la vie dans
l’Esprit Saint. C’est lui le grand protagoniste de nos
journées et de nos victoires spirituelles contre
l’esprit du mal. Viens Esprit Saint !
Le Recouvrement de Jésus au Temple
Saint Luc évangéliste souligne que ni Marie ni Joseph
n’ont compris la parole de Jésus : « Ne saviez-vous pas
que je dois être dans la maison de mon Père ? » (Lc 2,
49). Comme chaque chrétien, Marie et Joseph ont vécu
dans la foi et de la foi. Ils ont commencé chaque
journée sans connaître ce qu’ils allaient vivre mais ils
savaient avec qui ils marchaient. Une autre appellation
du Messie, l’Emmanuel, « Dieu avec nous », donne la clé
nécessaire pour croire. Nous ne sommes pas seuls dans le
cosmos. Le Sauveur fait route avec nous. Croire, c’est
marcher avec Jésus.
Quant à Marie, « elle garde fidèlement toutes ces choses
dans son cœur » (Lc 2, 51). C’est dans le cœur de Marie
qu’est née la prière du Rosaire. C’est dans le cœur de
Marie que chaque disciple de Jésus trouve accueil et
consolation : « Voici ta mère » (Jn 19,27).
Mystères Lumineux
Le Baptême de Jésus
« Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré »
(Lc 3, 22). Ces paroles de Dieu le Père résonnent dans
le ciel. Ce sont les paroles du Psaume deuxième (Ps 2,7)
qui parlent de l’adoption filiale du Roi-Messie. Entouré
de pécheurs, en prière, plongé dans les eaux du
Jourdain, Jésus reçoit l’Esprit Saint sous la forme
d’une colombe. Messie, en hébreu, et Christ, en grec,
sont des mots synonymes qui veulent dire « oint ». Jésus
n’a pas été oint d’huile comme les rois en Israël. Il a
été oint de l’Esprit Saint. Sur lui a ruisselé en
plénitude l’Esprit Saint.
Le chrétien est aussi un autre Christ, oint de l’Esprit
de Jésus. Le baptême chrétien représente une nouvelle
naissance de l’eau et de l’Esprit.
Les Noces de Cana
Marie, la mère de Jésus, n’a pas une foi éthérée. Pour
elle, croire c’est faire la volonté de Dieu qui consiste
à accueillir Jésus l’Envoyé du Père et à aimer comme il
aime. C’est pourquoi, à Cana, Marie dit aux servants : «
Tout ce qu’il vous dira, faites-le » (Jn 2, 5). Ce n’est
pas en récitant des prières que l’homme entre dans le
Royaume des cieux mais en accomplissant la volonté de
Dieu. Marie construit sur le roc car elle garde la
parole de Jésus dans son cœur et la met en pratique. Ce
qui n’est pas bien ne dure pas. L’expérience nous le
prouve. Marie demeure vivante et heureuse car elle vit
de manière unifiée. En elle, la pensée, le cœur, la
parole et l’action ne font qu’un. Aussi Jésus
accomplit-il des miracles à sa prière respectueuse : «
Ils n’ont pas de vin ». Marie ne dit pas : « change
l’eau en vin ». Elle présente les besoins des nouveaux
époux qu’elle perçoit de son regard pénétrant tout en
laissant à son fils la liberté d’agir selon la pensée de
Dieu. Et Jésus manifeste sa gloire.
Jésus à la synagogue de Nazareth. Dans la synagogue de
sa ville, Jésus lit un beau passage du prophète Isaïe :
« L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a
consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle
aux pauvres » (Is 61, 1). En refermant le rouleau dont
les dimensions prouvent l’importance de la synagogue de
Nazareth, Jésus déclare : « Aujourd’hui s’accomplit à
vos oreilles ce passage de l’Écriture » (Lc 4, 21). En
Jésus les prophéties de l’Ancien Testament trouvent leur
réalisation et leur plénitude.
L’Annonce du Royaume de Dieu
Aujourd’hui, chaque fois que la Parole de Dieu est
annoncée et expliquée, particulièrement au cours de la
liturgie, nous pouvons dire avec Jésus : « Aujourd’hui
s’accomplit ce passage de l’Écriture ». L’homélie à la
messe actualise la prédication évangélique. Le prêtre
continue l’œuvre du salut en prêchant l’Évangile et en
le commentant de manière à mettre en lumière l’action de
Dieu au cœur de l’Église et de l’humanité. Il en va de
même pour le témoignage apostolique des baptisés qui
annoncent par l’exemple et l’interprétation fidèle des
Écritures le mystère de Jésus.
La Transfiguration
Sur le mont Thabor, les apôtres Pierre, Jacques et Jean
sont heureux. Ils sont envahis par le bonheur de la
prière qui unit à Dieu. La lumière du Christ qui fait
resplendir ses vêtements leur montre la face divine et
cachée de leur maître. La présence de Moïse et d’Élie
annoncent l’exode, c’est-à-dire « le départ » prochain
de Jésus vers son Père. La voix du Père oriente les yeux
et le cœur des disciples vers l’alpha et l’oméga, le
centre et la clé de l’histoire du monde : « Celui-ci est
mon Fils, l’Élu, écoutez-le » (Lc 9, 35).
Pourquoi ne pas partager nos moments heureux vécus dans
la foi et la prière alors que nous nous plaignons
souvent du silence de Dieu ?
L’Institution de l’Eucharistie
Lors de la célébration de la dernière Cène, Jésus
manifeste le sens de sa mort. Il va donner sa vie pour
le salut des hommes. La mort, instant d’anéantissement,
est en réalité le moment le plus sublime de la vie de
Jésus : offrande absolue de son corps et de son sang
dans l’amour pour la rémission des péchés. L’amour
parfait efface la mort engendrée par le refus de croire
et d’aimer.
La véritable mort se trouve dans le péché. Le pardon de
Jésus représente la résurrection de l’âme offerte à tout
homme.
L’Eucharistie, sacrement de l’amour de Dieu, efface le
péché : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du
monde ».
Les mourants communient au Corps du Christ, viatique,
pain pour la traversée de la mort, qui nous fait
partager sa résurrection d’entre les morts.
Mystères Douloureux
L’Agonie de Jésus au jardin des Oliviers
« Abba (Père) ! Tout t’est possible : éloigne de moi
cette coupe ; pourtant pas ce que je veux mais ce que tu
veux ! » (Mc 14, 36). À la veille de sa crucifixion,
Jésus prie son Père avec les mots de sa langue
maternelle, l’araméen. Abba veut dire « papa ». Aucun
Juif n’avait osé appeler Dieu « papa ». Ce mot
affectueux manifeste l’union intime et filiale de Jésus
avec Dieu le Père. Le Saint-Esprit répandu dans les
cœurs des baptisés prie aussi « Abba ». La prière de
Jésus passe par l’Esprit Saint dans le cœur de ses
disciples. Ce n’est pas l’homme qui prie mais l’Esprit
qui prie en lui. C’est pourquoi le grand mystique
dominicain de l’École rhénane du XIVe siècle, maître
Eckhart enseignait : « Nous ne prions pas, nous sommes
priés »
La Flagellation
Le Fils de Dieu, le Saint, est fouetté par des soldats
qui se moquent de lui. Supplice cruel qui fait
resplendir l’amour infini du Christ célébré dans
l’Eucharistie : « Le sang versé pour la multitude en
rémission des péchés ». Ce n’est pas la souffrance qui
sauve mais l’amour qui se dévoile dans l’épreuve. Jésus
n’est pas un prophète illuminé ni un révolutionnaire
raté. Il donne sa vie librement pour la rémission des
péchés. En regardant Jésus, victime d’un procès truqué,
nous comprenons la grandeur de Dieu et notre bassesse
humaine. Le corps tuméfié du Serviteur souffrant frappe
notre conscience, souvent insensible voire anesthésiée.
Il ne s’agit pas de plaindre le condamné à mort mais de
se remettre en cause dans une démarche de conversion de
mentalité et de mœurs.
Le Couronnement d’épines
L’ange Gabriel avait annoncé à Marie que son fils Jésus
allait recevoir le trône de David, son père : « Il
régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son
règne n’aura pas de fin » (Lc 1, 33). Le voici
maintenant ridiculisé par des étrangers qui l’ont revêtu
d’une couronne d’épines et le frappent avec un roseau
pour enfoncer les pointes du buisson dans son cerveau.
Cependant, Jésus n’a pas l’idée du mal. En son cœur,
point de vengeance.
Le Portement de la croix
Sur le chemin du Calvaire un homme, Simon de Cyrène,
aide un autre homme, Jésus. Au début c’est par devoir.
Les soldats romains voyant le condamné ployer sous le
poids de la croix ont demandé à Simon qui revenait des
champs, fatigué après une journée de travail, de porter
la croix. « Pas de chance ! », a-t-il probablement
murmuré dans son esprit. Pourtant au fur et à mesure
qu’il partage le poids de la croix avec le prophète de
Nazareth, Simon découvre un mystère qui le bouleverse et
le rend même heureux. Au contact avec Jésus, alors qu’il
peine à soulever le bois, Simon sent monter en lui la
grâce. Il est en train d’aider le Fils de Dieu lui-même.
Jamais Dieu n’a été aussi proche que sur le Calvaire en
partageant la souffrance d’un condamné à mort, Jésus.
Ce que nous faisons aux malades, aux prisonniers, aux
étrangers, aux affamés, c’est à Jésus lui-même que nous
le faisons.
La Mort de Jésus sur la croix
Sur la croix, Jésus crie. Moulu par la souffrance, il
n’arrive pas à respirer. Cloué au bois, son corps sent
la mort s’approcher. Il se sent même abandonné par son
Père : « Éli, Éli, lema sabachtani ? », c’est-à-dire «
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt
27, 46). Au moment où son être va subir la déchirure de
la mort, Jésus hurle dans une horrible solitude à la
recherche du Père. Judas l’a trahi. Pierre l’a renié.
Les chefs des prêtres, les anciens et les scribes,
hommes religieux de son peuple, l’ont condamné pour
blasphème et imposture. Triste et abandonné, Jésus ne
sent pas la présence de son Père. Mais sa confiance en
lui demeure intacte, pure, parfaite : « Père, en tes
mains je remets mon esprit » (Lc 23,46).
Au pied de la croix les badauds pensent qu’il appelle
Élie, le prophète. Parlant araméen, leur connaissance de
l’hébreu semble rudimentaire au point de confondre les
mots. Mais Jésus ne se tourne pas vers un prophète si
grand soit-il mais vers son Père qui l’a envoyé pour une
mission : « Tout est accompli » (Jn 19, 30). Il ne dit
pas « tout est fini » mais tout est accompli dans le don
absolu de lui-même pour le salut des hommes.
Mystères Glorieux
La Résurrection
Ressuscité d’entre les morts, Jésus n’apparaît pas à
Pilate ni aux grands-prêtres mais uniquement à ses
disciples. Sans tambour ni trompettes, sans tonnerre ni
éclairs, dans la discrétion des rencontres personnelles,
Jésus se manifeste aux apôtres. Il communique avec eux à
travers les plaies de sa Passion : les saints stigmates
de ses mains et de ses pieds. Thomas, l’incrédule, celui
qui veut toucher pour croire, est invité à mettre sa
main dans le côté transpercé du Sauveur.Notre Dieu est
discret. C’est au quotidien qu’il vient à notre
rencontre non pas en dehors des souffrances mais dans la
douleur qu’il a expérimentée dans sa propre chair.
L’Ascension
Le mystère de l’Ascension inspire les peintres d’icônes.
Quarante jours après sa résurrection, le Carême de la
joie, Jésus monte au Ciel glorifié dans son corps et
dans son âme. La glorification du corps de Jésus à la
droite de Dieu le Père représente le but et
l’accomplissement de la vocation de l’homme à partager
la vie de Dieu.
Le corps humain atteint par la maladie et la mort
atteindra aussi la résurrection dans le Christ. Jésus,
le Fils de Dieu, est descendu du Ciel pour que nous y
montions. Il a pris notre nature mortelle pour nous
rendre participants de son immortalité. Il a connu
l’écartèlement de l’âme et de la chair dans sa mort pour
unifier notre chair et notre âme dans la résurrection.
Il a goûté l’amertume de l’isolement dans la Passion et
dans la mort, pour nous associer à jamais à la vie de
son Père et de nos frères dans la communion des saints
bienheureuse jusqu’au point de former « un seul corps et
un seul esprit dans le Christ » (Prière eucharistique
III).
Monté au Ciel, Jésus nous prépare une place pour que là
où il est nous soyons aussi avec lui.
La Pentecôte
À Jérusalem, l’Esprit Saint descend sur les Juifs de la
diaspora rassemblés pour célébrer l’alliance du Sinaï
entre Dieu et Israël. Ces Juifs venus de « toutes les
nations » (Ac 2, 5), vont recevoir l’esprit sous la
forme de « langues de feu » pour proclamer les
merveilles de Dieu à toute la terre. « Le salut vient
des Juifs » (Jn 4, 22), c’est pourquoi saint Luc prend
soin de faire partir l’annonce du salut de Jérusalem, la
ville sainte, centre du monde pour les Juifs.
Par le don de l’Esprit Saint, l’Église va grandir petit
à petit au rythme des voyages missionnaires et des
persécutions. L’Église, « le Christ répandu et
communiqué », va se développer par l’annonce de
l’Évangile. Les chrétiens, habités par « la langue de
feu », symbole de l’Esprit d’amour, vont proposer le
salut aux pays du bassin méditerranéen et dans le monde
entier.
La Trinité s’est humanisée dans l’Incarnation de Jésus
et elle continue de s’humaniser au fur et à mesure que
le Corps du Christ, l’Église, se développe par la foi et
les sacrements.
L’Assomption de la Vierge Marie et son
couronnement comme Reine de la création
La Vierge Marie, la mère de Jésus, la Mère de Dieu, n’a
pas connu la corruption du tombeau. Glorifiée dans son
corps et dans son âme, elle annonce la glorification de
toute l’Église. En Marie, nous pouvons contempler notre
propre mystère. Le chrétien comprend le mystère de Dieu
et son propre mystère en regardant la Vierge Marie.
Comme dans un miroir très pur nous voyons en elle
l’image de l’Église appelée à devenir l’Épouse du Christ
sans tache ni ride, pure et immaculée, heureuse de
partager l’amour de son Époux, le Christ.
Le Couronnement de Marie
Au Ciel, la Vierge Marie, la toute sainte, intercède
pour son peuple, l’Église et l’humanité, comme le
faisaient les reines en Israël. Cause de notre joie, par
sa prière auprès de son Fils Jésus, le seul médiateur
entre Dieu et les hommes, l’humanité reçoit la grâce de
la résurrection.
Au Ciel, la Vierge Marie comme une maquette fait
entrevoir l’avenir de l’Église, la Jérusalem nouvelle,
éclairée par la lumière du Premier-né d’entre les morts.
Au dernier jour, nous serons jugés sur l’amour. L’amour
sera notre passeport pour entrer dans la vie éternelle.
Ce n’est pas celui qui dit « Seigneur, Seigneur ! » qui
accédera au Royaume des cieux mais celui qui aura
partagé avec les malades, les faibles, les migrants, les
détenus…
Chaque jour, le Christ nous donne rendez-vous en la
personne du pauvre. La vie éternelle est déjà commencée
pour l’homme qui élève son âme vers Dieu et qui se
penche vers son prochain.